Par auteur > Chandenier Jacques

Mercredi 13
Pathologies Chroniques (2) Session 2.4 Mycoses
Présidente de séance : Pr Suzanne O NIANG, Clinique de Dermatologie Modérateurs : Pr Yemou DIENG, Pr Jacques CHANDENIER, Laboratoire de Parasitologie – Mycologie – Médecine Tropicale, Faculté de Médecine de Tours
› 16:30 - 16:50 (20min)
› UCAD 2
La transition épidémiologique des mycoses en Afrique;
Jacques Chandenier  1, *@  
1 : CHU Tours
CHU Tours
SERVICE DE PARASITOLOGIE-MYCOLOGIE BD TONNELLE, 37032 TOURS CEDEX -  France
* : Auteur correspondant

Plus de 500 espèces de champignons ont à ce jour été tenues pour responsables de mycoses chez l'Homme dans le monde, entrainant des pathologies regroupées classiquement en trois grandes catégories : superficielles, sous cutanées, et profondes.

 La transition épidémiologique en Afrique n'a pas les mêmes conséquences pour ces trois groupes de pathologies.

Dans les zones tropicales, les mycoses superficielles principalement dues aux champignons dermatophytes ou au Malassezia (pitiriasis versicolor) sont fréquentes, connues de longue date, et liées aux conditions climatiques ainsi qu'à la promiscuité.

Dans ces mêmes zones géographiques sont décrites les mycoses sous cutanées, maladies dues à des champignons dimorphiques présents dans le milieu extérieur et pénétrant l'organisme humain par des effractions cutanées. Ces champignons sont à l'origine de pathologies souvent chroniques, d'aspects spectaculaires, et elles aussi bien connues des praticiens, comme les chromoblastomycoses, les rhinoentomophtoromycoses ou les mycétomes.

 Les mycoses profondes (ou systémiques, ou invasives) posent un problème différent. Ces pathologies touchent des sites profonds et a priori stériles, avec des conséquences rapidement dramatiques pour le patient. L'un des exemples les plus marquant a été la flambée de la cryptococcose neuro-méningée dans le cadre de l'épidémie VIH, mais d'autres mycoses profondes sont à présent à redouter. Il s'agit en effet de pathologies qui surviennent dans des conditions épidémiologiques particulières, actuellement plus le fait des pays industrialisés mais en passe de s'installer à présent en Afrique.

L'augmentation de maladies telles que le diabète, l'allongement de la durée de vie et des pathologies afférentes, le développement des prises en charge thérapeutique comme les réanimations intensives, les chimiothérapies ou à présent les transplantations, sont tous des événements associés à des conditions immunosuppressives favorisant la pénétration des champignons dans l'organisme. Compte tenu de l'évolution médicale du continent, ces mycoses profondes vont croitre dans les années à venir comme elles ont crû dans les pays du nord ces 20 dernières années.

Les conséquences d'un tel événement ne sont pas seulement cliniques.

Les démarches et méthodes de diagnostic sont différentes des autres mycoses, la recherche et l'identification des champignons se faisant dans un contexte d'urgence, sous peine d'une mortalité frôlant les 100% dans certaines conditions.

La prise en charge en est également particulière, avec des médicaments de maniement délicat, souvent onéreux, et des patients sous haute surveillance pendant de longues périodes.

 Il faut dès à présent anticiper ces nouvelles entités cliniques que sont les mycoses invasives, nouvelle rançon du développement socio-économique de l'Afrique intertropicale.



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