Dans les pays tropicaux, l'épilepsie est un problème majeur de santé publique ; mais paradoxalement, dans la majorité de ces pays, cette affection est ignorée par les autorités publiques.
L'épilepsie tropicale est commune ; sa fréquence est de 2 à 10 fois plus élevée que dans les régions du Nord ; elle a une très haute prévalence et incidence, aussi bien en Afrique subsaharienne que dans les pays d'Amérique latine. Une revue systématique de la littérature concernant 47 pays d'Afrique subsaharienne, effectuée à partir des données recueillies dans 8 bases de données, montre que l'incidence est évaluée entre 64/100 000 personnes par an et 187/100 000. La prévalence médiane est évaluée à 14,2 ‰, soit environ deux fois plus que dans les pays développés. Mais en Asie, les taux sont identiques à ceux des pays développés (5,8 ‰ au Cambodge, de 3,6 à 7 ‰ en Chine, et de 7,7 ‰ au Laos), et ceci bien que les facteurs de risque et les causes soient aussi fréquents que ceux rencontrés dans les autres pays en développement. Les affections périnatales, ainsi que les nombreuses infections comme le paludisme, la cysticercose ou l'encéphalite japonaise, sont une des causes majeures qui peuvent être responsables de 30 à 50 % des cas d'épilepsie ; le risque d'avoir une épilepsie séquellaire après une encéphalopathie palustre est 4 fois plus élevé par rapport au paludisme simple. Le rôle des facteurs héréditaires et de la consanguinité est encore très difficile à évaluer.
L'épilepsie tropicale est la cause de stigma, aussi bien social que physique, et ceci d'autant plus qu'elle n'est pas considérée comme une réelle affection comme les autres maladies, en raison de tabous, de croyances néfastes et de la honte qu'elle engendre ; elle est cachée, d'autant plus qu'elle est habituellement considérée comme transmissible. Le phénobarbital est la molécule la plus utilisée, mais 80 % des patients ne sont pas traités.
Beaucoup d'inconnues demeurent encore ; une meilleure appréciation des aspects économiques, sociaux et du vécu de l'affection au sein des familles et dans la société devrait permettre un meilleur contrôle et une réduction de l'affection.
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